L’école et les familles, une histoire de dialogue qui passe ou qui casse. L’image que l’école reflète peut grandement varier selon les origines sociales (Bourdieu). Il est normal pour les parents qui ont réussi d’avoir bon à dire sur l’école qui les a façonnés, et puis, l’école c’est une institution où l’on apprend à devenir “quelqu’un” par le rapport de force qui existe, la discipline, l’autorité et toutes les normes et valeurs qui s’y attachent. La sociologie évoque à contresens l’idée selon laquelle les classes populaires ont une attitude plus défaitiste face à l’école. Peut-être parce qu’elles n’y trouvent pas leur compte. Mais c’est aussi parce que les modes de vie familiaux, la culture familiale est parfois trop éloignée des exigences scolaires. D’une part parce que la langue parlée à la maison peut être étrangère ou bien trop argotique rendant l’adaptation à la langue de l’école plus difficile. D’autre part parce que les attentes des parents sont moins poussées. On se contentera de fréquenter les écoles les moins éloignées géographiquement, faute de moyens, faute de méconnaissance du système scolaire et des orientations possibles.

Quand Bernard Lahire décrit les activités extrascolaires des enfants de maternelles, il existe un fossé selon les classes sociales. On fait du ski, de l’équitation ou du tennis d’un côté, et plutôt du foot et de la dance de l’autre. Les perspectives des enfants des classes (plus) aisées sont plus grandes avec des ambitions miroitant celles des parents. Le langage des enfants d’instituteurs est déjà plus développé à travers la lecture de livres qui explorent le vocabulaire, l’ironie, les jeux de mots (Lahire fait référence à Claude Ponti).

Pour conclure, je reprendrais les deux termes qui définissent les responsables des enfants scolarisés : il y a parent d’élève quand on parle des classes moyennes et favorisées, il y a famille pour les classes populaires. Mais, au bout du compte, l’école attend quelles que soient les appellations, que les adultes suivent la scolarité de leur enfant, s’impliquent dans la vie de l’école pour sa réussite future.